2009-08-02

A1. PASHUPATINATH, la SHIVAITE (2.08.2009).



PASHUPATINATH, la SHIVAITE




La ville de Pashupatinath, située à 6 km de Katmandou, est l'un des centres les plus sacrés du Népal.
Pashupati est un des nombreux noms de Shiva.
Il signifie "Gardien des âmes asservies".
Shiva les protège, les stimule sur la voie de la délivrance.
Dans le Mahabharata, Arjuna obtient de Shiva l'arme la plus destructrice. C'est Pashupata.
Elle peut être lancée par l'esprit, la parole ou un arc.

Chaque année en hiver, tous les sadhus du Népal se rassemblent à Pashupatinath pour la Shivatri ("la nuit sainte de Shiva").
On les reconnaît facilement à leur tenue souvent orange, leurs cheveux longs, regroupés en chignon. Trois traits horizontaux marquent leur front.
Renonçant au monde, ils mendient pour vivre. Ils portent une gibecière, une boîte métallique et parfois un trident.


Les sadhus mènent une recherche spirituelle, tels Shiva l'ascète, maître du yoga.
Shiva réduit en cendres le dieu de l'amour charnel.
Bhairava, terrifiant et nu, Shiva est absorbé en lui-même dans l'indifférenciation primordiale.
S'il suit héroïquement la voie du vide, le renonçant accède à cet absolu, débouchant sur une joie indicible.
Certains sadhus sont considérés comme des saints et vénérés comme tels.


D'autres sont des imposteurs, prenant l'habit d'ermite pour parasiter les touristes, proies faciles. Devenir un yogi de haute volée demande davantage d'efforts et de compétences...
Quelques individus pittoresques semblent déguisés en sadhus, tant le soin de leur apparence domine toute autre considération !
Leur drogue narcissique s'ajuste à l'obsession photographique des touristes.
Difficile d'être plus exhibitionniste et cabotin.
J'ai rencontré leurs cousins, posant pour une photo contre des roupies, à Katmandou, maraudant autour de Durbar Square...


Représentant d'abord le côté destructeur de la Trimurti, Shiva a pris davantage d'importance par la suite.
Aujourd'hui, on l'associe aussi à la création (Brahma est ravalé à un rôle moindre).
A Pashupatinath, on retrouve partout les symboles de Shiva.


Le plus gros taureau nandi est dans la cour du Temple d'or, réservé aux Hindous.
Je n'ai donc pas pu le visiter.
Mais de l'entrée, on peut admirer le postérieur doré d'un énorme nandi, doté de bijoux de famille respectables (a-t-il, à la lettre, des couilles en or ?)
Dans le vaste domaine de Pashupatinath, les nandis pullulent, devant les temples, ou éparpillés dans les jardins.

Un autre symbole omniprésent est le lingam, associé au yoni.
Le plus gros que j'ai découvert est situé en aval des deux ponts, constituant le coeur du site avec le Temple d'or.
Construite sur une grande tourelle de briques oranges, c'est une sculpture imposante.
Elle est posée de biais, en surplomb et inclinée vers la rivière.
Ainsi le sperme cosmique s'écoule dans la Bagmati, comme le lait des offrandes.


Grâce à son troisième oeil, Shiva peut réduire quiconque en cendres.
Ce symbole est particulièrement vénéré à Pashupatinath, où l'on brûle les cadavres sur des bûchers, au bord de la Bagmati.
On respire sans cesse les fumées de ces bûchers, leurs odeurs fortes mêlées de cendres...


On peut citer comme autres symboles de Shiva : le trident et le tambourin.
Mais aussi le cobra royal, le lion ou le lotus.
Shiva est dénommé sur chaque pétale de chaque lotus.


Pashupatinath est lieu de pèlerinage pour les sadhus, comme pour les Hindous en général.
Ils dorment souvent dans des dharamsalas, dont les prix sont accessibles.
Et les repas peuvent être gratuits.


Quand j'arrive à Pashupatinath, je demande à des passants où je peux trouver une chambre.
Un jeune homme me répond :
-"Ici, c'est réservé aux Hindous ! Il faut remonter vers Gaushala ! Guesthouse !"
Deux hommes approuvent, goguenards...
-" Non, je veux dormir ici, pas à Gaushala ! Et dans un dharamsala ! Où en trouve-t-on ?"
Certains refusent de répondre, détournent la tête...
Mais un homme m'indique le chemin d'un dharamsala, dans le village même de Pashupatinath.


A l'office du dharamsala, mêmes réticences !
Le manager me regarde avec stupeur :
-"Ce n`est pas possible. Nous n'avons pas de chambre pour vous !"
-"Mais ce dharamsala est immense ! En Inde, j'ai l'habitude de dormir en dharamsala. Je connais les règles. Vous n'aurez aucun problème..."
Je mène la négociation avec ténacité, présente de solides arguments.
Finalement, j'emporte le morceau.
Le manager regarde son associé d'un air impuissant...
Il hoche la tête, c'est d`accord pour une chambre...


Je passe deux nuits dans une chambre minuscule.
La nuit, impossible de dormir à cause des conversations, des chants...
Au matin, de multiples démangeaisons me prouvent que des bestioles variées s'activent de nuit...


A mon retour le soir, je retrouve l'assistant dans ma chambre !
En réalité, mon cadenas ne servait à rien. Leur système débile de fermeture permet de l'escamoter...
Aussitôt, je fonce me plaindre auprès du manager :
-"J'ai loué une chambre, pas un hall de gare ! Ma chambre est privée ! Personne ne doit y entrer !"
Le manager m'approuve, hoche la tête...


Plus tard, un peu avant minuit, démangé de partout, j'écris comme un possédé, quand je me retrouve nez à nez avec une souris !
Du coup, je comprends qui a grignoté le trou au bas de ma porte...


Lionel Bonhouvrier.

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